the golden age (moses)

t'as besoin d'air, du vrai, pur, pas comme celui que t'as dans tes poumons détruits par le tabac. t'es seul dans les rues que tu connais tellement bien, mais qui ont l'air si différentes quand le soleil se lève. tu craches tout ce que t'avais dans ton estomac en t'appuyant contre un arbre, t'as encore trop bu. quand tu regardes ton portable, il est bientôt six heures et tes cours commencent dans deux heures. tu regrettes, pendant un instant d'être sorti pour rien faire, d'être resté dans ce bar jusqu'à la fermeture avant d'enchaîner des clopes et des joints sur le port à attendre que le soleil se lève. au moins t'as été discret, t'es passé par la fenêtre, pas par la porte en la claquant bien fort comme la dernière fois. t'aurais pu rester dans ta chambre, réviser un peu, t'endormir tôt et avoir tes huit heures de sommeil, mais t'as préféré faire le con. quand t'arrives dans ta rue, le soleil commence à briller et au loin c'est assez beau pendant que t'entres dans la maison en glissant par la fenêtre de ta chambre. et c'est fini, le frisson de la nuit est complètement partie, tu redeviens le loser que tu es quand le soleil se lève. t'enlève tes chaussures défoncées et tu t'assieds sur ton lit. tu vois ta réflexion dans le miroir, t'es pale si ce n'est tes joues rougies par l'alcool et les deux cercles noirs sous tes yeux, le blanc que tu avais dans ces derniers a été remplacé par du rouge et tu trembles comme si t'avais froid. petit à petit tu t'endors sans penser à rien, mais t'es rapidement ramené à la réalité par le bruit d'une porte qui s'ouvre. tu sais que tu vas encore de faire engueuler comme si t'étais un gamin de dix ans. "putain..." tu t'adosses au mur et tu lèves les yeux vers l'homme qui vient de pénétrer dans ta chambre avec un regard blasé, celui que t'utilises toujours quand tu veux montrer que t'es fort.